Les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) – anorexie, boulimie, hyperphagie, compulsions, restrictions – sont des souffrances profondes, souvent invisibles, et très dangereuses pour la santé. Lorsqu’une personne vient consulter pour un TCA, elle arrive avec une demande compréhensible : « Aidez-moi à arrêter.»
Mais voilà : un TCA n’est pas le problème en soi.
C’est un symptôme.
Et si l’on se concentre uniquement sur le comportement – comme le font les TCC (thérapies cognitivo-comportementales) – on agit principalement en surface. On tente de « corriger » un comportement sans aller toucher ce qui l’a rendu nécessaire, ce qui l’entretient, ce qui lui donne sens.
C’est pour cela que je ne pratique pas la TCC dans le cadre des TCA : c’est un non-sens !
Le TCA n’est pas le problème. C’est la solution que la personne a trouvée.
Un Trouble du Comportement Alimentaire est une tentative de réguler quelque chose de beaucoup plus profond :
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une émotion débordante, impossible à vivre ou à exprimer
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un traumatisme précoce, une insécurité relationnelle
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un sentiment de vide, de perte de repères
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une difficulté à exister, à se sentir « assez »
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un stress chronique, une pression institutionnelle ou familiale
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une difficulté à s’aimer, à habiter son corps
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une charge mentale ou affective trop lourde
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une tentative de reprendre du contrôle quand tout semble incontrôlable
Le comportement alimentaire devient alors un refuge, un moyen de survie, parfois le seul que la personne ait trouvé.
Arrêter un comportement sans prendre soin de la cause,
c’est comme enlever un pansement sans soigner la plaie.
L’approche intégrative : traiter la racine, pas seulement la branche
Travailler en psychothérapie intégrative, c’est reconnaître que la personne n’est pas un ensemble de comportements à corriger, mais un être global, vivant, sensible, complexe, en relation avec les autres.
L’approche intégrative permet :
- D’explorer les émotions : celles qui débordent, celles qui n’ont jamais été accueillies, celles qui ont été interdites.
- D’écouter l’histoire du symptôme : quand est-il arrivé ? Pourquoi à ce moment-là ? De quoi protège-t-il ? Que tente-t-il de dire ?
- De travailler la relation à soi : l’image du corps, l’estime de soi, le rapport au contrôle, la honte, la culpabilité.
- De prendre en compte l’environnement : les relations, la famille, les injonctions sociales, l’identité, les chocs émotionnels, l’histoire de vie.
- De travailler avec le corps : tensions, hypervigilance, dissociation.
- De retisser un lien de sécurité : aucune guérison durable n’est possible sans sécurité intérieure et relationnelle.
La guérison vient de la réconciliation avec soi, pas de la lutte contre un comportement.
En conclusion, je ne fais pas de TCC pour des TCA parce que :
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les TCA sont des symptômes, pas le problème
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réduire un symptôme ne guérit pas la blessure
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le travail thérapeutique intégratif permet une compréhension globale et un soin en profondeur
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la relation, la sécurité et la connaissance de soi sont les véritables moteurs du changement
Travailler en intégratif, c’est accompagner la personne à redevenir l’auteur(e) de sa vie, pas simplement à modifier son comportement.